Très belle rencontre aujourd’hui avec Ismael Volto, éducateur U15. Un jeune papa que la vie n’a pas épargné, passionné dans son travail comme sur un banc de touche. Un vrai homme de club qui mérite tout le respect qui lui est dû, et qui revient pour nous sur sa vie et son expérience dans le football roannais.
Bonjour Ismael. Pour commencer, comment se passe ton confinement et comment occupes-tu tes journées ?
Je suis confiné avec mes enfants et leur mère à Mably. Étant donné qu’elle est infirmière en réanimation à l’hôpital de Roanne, en contact avec les malades du Covid-19, je suis en arrêt pour garder mes enfants, car moi-même, je travaille avec des personnes à risques. Je ne peux donc pas risquer de les contaminer. J’occupe mes journées en faisant l’école à la maison de mes enfants et en m’occupant d’eux plus largement.
J’ai toujours expliqué cet aspect de ma personnalité par mon histoire de vie.
On voudrait te connaître un peu mieux, qui es-tu et d’où viens-tu ?
J’ai 34 ans et deux enfants. Je suis accompagnant éducatif et social, je travaille actuellement à l’ADAPEI et également en indépendant à côté. Je suis né à Roanne mais j’ai une histoire de vie très particulière. En effet, j’ai très jeune été pris en charge par les services de l’aide sociale à l’enfance et été placé tout petit en famille d’accueil à Saint-Alban-les-Eaux. J’y suis resté toute mon enfance avec le statut de pupille de la nation au décès de ma mère biologique, lorsque j’avais 9 ans. C’est une situation atypique, d’autant que j’ai toujours été moi-même assez atypique, mais j’ai toujours expliqué cet aspect de ma personnalité par mon histoire de vie. Il y a 3 ans environ, j’ai été touché par la maladie avec une méningo-encéphalite, ce qui m’a laissé certaines séquelles dont des céphalées (maux de tête) quasi constantes. J’ai, suite à cela, suivi une rééducation cette année sur Saint-Étienne afin de réduire ces douleurs. C’est là que l’on m’a diagnostiqué un profil HQI avec une hyperactivité mentale certainement liée à une défensive face à un traumatisme de la prime enfance. Ce diagnostic a permis à l’équipe médicale de mettre en place un traitement qui me soulage beaucoup.
Au niveau football, quel est ton parcours ?
J’ai commencé le foot à 6 ans après deux ans de basket à Saint-Alban-les-Eaux. J’y suis resté jusqu’à l’âge de 12 ans. J’ai ensuite arrêté deux ans environ puis j’ai repris à 14 ans avec mes copains à Saint-André-d’Apchon, en entente en jeunes, avec Pouilly-les-Nonains à l’époque. Toutes ces années-là furent magnifiques pour moi au niveau humain, j’avais le numéro 6 gravé dans le dos et j’étais un joueur de devoir, à qui on pouvait demander de se sacrifier pour l’équipe en mettant toute mon énergie à récupérer le ballon et surtout empêcher le n°10 adverse de le toucher. Ce n’est plus une philosophie très en vogue actuellement, et tant mieux, car je n’ai pas suffisamment appris à jouer avec le ballon, et ces lacunes techniques resteront toute ma carrière de joueur. Je l’ai d’ailleurs rapidement mise au second plan vis-à-vis de mon engagement d’éducateur à Saint-André-d’Apchon puis à Avenir Côte Foot de l’âge 15 à 24 ans où j’ai eu quasiment toutes les catégories de jeunes, sauf les U19. Mon engagement et mes compétences avaient d’ailleurs été remarquées car j’ai été sollicité par Dominique Fraise, alors président de JAIM Foot et ancien arbitre de Ligue 1 et Ligue 2, afin d’être salarié de JAIM Foot. J’en ai rapidement parlé à mes dirigeants à Avenir Côte Foot, qui se sont démenés pour me faire une même proposition sous la forme d’un emploi aidé. C’est cette proposition-là que j’ai acceptée, même si elle se révélait ne pas pouvoir être pérenne, mais je ne souhaitais pas quitter ACF à ce moment-là. J’ai par la suite pris en charge des équipes seniors. Ce fût à chaque fois des expériences enrichissantes mais aussi assez frustrantes sur le plan sportif et certains comportements m’ont beaucoup déplu.
J’apprends encore et j’apprendrai toute ma vie.
Qu’est ce que ces diverses expériences t’ont apporté ?
Sur le plan humain, qui pour moi est essentiel, cela m’a beaucoup procuré sur le plan affectif notamment, chacun comprendra pourquoi j’en ai particulièrement besoin. Sur le plan football, les expériences, dans lesquelles j’inclus aussi toutes les formations d’éducateur, m’ont amené à beaucoup apprendre sur le football et sur comment bien faire jouer une équipe et faire progresser les joueurs au maximum. J’apprends encore et j’apprendrai toute ma vie.
Après toutes ces années, tu as donc rejoint le RF42 en 2017, comment t’es-tu retrouvé au club, et quels ont été tes rôles depuis ?
Habitant à Roanne, lorsque j’ai voulu faire essayer le foot à mon fils, c’est naturellement vers le RF42 que je me suis tourné en premier. J’ai ensuite vu que toutes les bonnes volontés étaient les bienvenues avec les petits donc j’ai proposé mon aide sur les U7. À la fin de cette saison-là, j’ai proposé au club d’élargir mon implication. On m’a alors proposé la co-responsabilité du groupe des seniors 3 avec Fred Méant, une rencontre formidable au passage. Mes disponibilités professionnelles ne m’ont pas permis pendant une période d’être en responsabilité d’équipe par la suite jusqu’à cette saison en cours, mais je suis resté près du club autant que mes disponibilités me le permettaient.
Je me suis énormément impliqué, faisant énormément de sacrifices professionnels et familiaux pour pouvoir être au maximum présent
Cette saison, tu as pris la tête du groupe U15 D1, peux-tu nous en parler ?
Une saison très plaisante, des jeunes joueurs pleins de qualités humaines et sportives qui ont énormément progressé. Je me suis énormément impliqué, faisant énormément de sacrifices professionnels et familiaux pour pouvoir être au maximum présent et permettre de remplir ma mission au service du club et des joueurs au mieux. Les parents de mon groupe sont également à remercier et les échanges avec eux ont toujours été très riches et plaisants.
Ce groupe rassemble les jeunes qui ne sont pas sélectionnés pour les rencontres avec les groupe U14 et U15 R1, comment arrives-tu à mobiliser et à motiver les jeunes ?
Le simple fait d’évoluer au meilleur niveau départemental est déjà en soi une motivation. Pour ma part, je pense qu’il faut bien communiquer avec les joueurs et leur expliquer qu’un club, c’est aussi ses équipes réserves. Dans le cadre de leur progression, il est parfois plus intéressant pour un joueur de jouer à un niveau inférieur où l’on peut mieux s’exprimer que de se casser les dents à un niveau trop élevé à ce moment-là de son apprentissage.
Pour finir, on aimerait connaître ton meilleur souvenir football ?
Difficile à dire, peut-être la génération 95/96 à Avenir Côte foot et sa bande de joyeux parents. Une ambiance que j’ai un peu retrouvé les dimanches matins cette saison… Et le dernier match à l’Etrat cette saison, gagné trois à zéro, qui est il me semble un symbole de ma gestion de ces jeunes… Avec mes bons et mes mauvais côtés, mais avec un très gros cœur !